LE FEDERALISTE

revue de politique

 

IV année, 1962, Numéro 1, Page 101

 

 

LE IXe CONGRES DU M.F.E.
INTRODUCTION ET DOCUMENTS
 
 
DOCUMENTS
 
II. — MOTIONS PRESENTEES A LA COMMISSION POLITIQUE DU CONGRES
 
d) Motion présentée par Raymond Rifflet
Le Congrès constate que la contradiction sans cesse croissante entre l’interdépendance matérielle des peuples et leur prétention à la souveraineté nationale absolue conduit le monde à l’anarchie économique, au chaos politique et menace l’existence même d’une civilisation organisée.
Il souligne la nécessité de concilier les diversités légitimes et les exigences d’une discipline générale par le recours à des solutions fédéralistes qui mettent en cause l’Etat-Nation sur le plan infra- et supranational et sont incompatibles avec des régimes totalitaires ou des système oligarchiques, soucieux d’accroître et de concentrer leurs pouvoirs plutôt que de les partager ou d’accepter leur subordination à des intérêts supérieurs.
Il affirme dès lors que le rôle des pays de tradition libérale et humaniste est essentiel pour montrer la voie d’une refonte fondamentale de la démocratie, dans la voie d’un fédéralisme cohérent, assurant l’autonomie des collectivités sur les plans économique, social et politique, dans le cadre d’une hiérarchie des responsabilités de conception et d’exécution, allant de la Commune à l’Etat fédéral et de l’entreprise aux organismes représentatifs chargés de la planification générale.
Il constate que l’Europe occidentale a dès lors un rôle de premier plan à jouer dans cette promotion d’une civilisation démocratique, celle-ci étant actuellement menacée d’effondrement par le processus de concentration du pouvoir réel aux mains de groupes de pression pratiquement irresponsables.
Il insiste sur l’inutilité d’affirmer sans cesse la nécessité impérieuse de l’unification européenne, si cette affirmation ne s’accompagne pas de la volonté opiniâtre de briser les coalitions d’intérêts et les forces politiques qui s’opposent pratiquement à cette unification ou la transforment en moyen de sauvegarder les privilèges particuliers.
Il oppose l’Europe fédérale du Peuple par le Peuple et pour le Peuple à l’Europe des Patries ou à l’Europe des Affaires, soucieux de dépasser l’alternative « communisme ou welfare state » qui lui paraît mener de toute façon à la société totalitaire.
Il appelle tous les hommes de bonne volonté à sortir des vieux cadres de pensée et d’action pour faire de l’Europe fédérée un exemple contagieux de démocratie vivante et authentique.
Il rejette l’idée que des pactes militaires quels qu’ils soient puissent apporter une solution véritable au défi lancé à notre civilisation, surtout s’ils entretiennent une psychose d’union sacrée qui empêche les renouvellements fondamentaux indispensables, consacre la mainmise des classes dirigeantes sur le Pouvoir, encourage les alliances avec les forces conservatrices, fascisantes ou colonialistes, paralyse la prise de consciente indispensable des classes laborieuses.
Il rejette également comme illusoires toutes les tentatives visant à résoudre les difficultés sur un plan national, largement dépassé par les réalités économiques et politiques. A des problèmes supranationaux il faut des solutions supranationales qui ne peuvent être trouvées et surtout appliquées que par des institutions supranationales dont le caractère démocratique doit être assuré.
C’est pourquoi, les fédéralistes réaffirment leur mot d’ordre de constituante européenne élue au suffrage universel, pour s’opposer à une Europe de gouvernements nationaux, qui, dans la mesure où elle ne demeurerait pas un simple mythe, ne pourrait être que la consécration d’une Sainte-Alliance des oligarchies conservatrices dominantes.
C’est pourquoi ils dénoncent toute politique d’isolement national, de simple coopération internationale, toujours précaire.
C’est pourquoi ils soulignent la vanité de toute tentative de résoudre dans le cadre national des problèmes tel que la réunification allemande, la planification économique, la politique de développement régional, la question algérienne, l’aide aux pays sous-développés ou de l’équipement militaire.
Ils veulent provoquer le rassemblement des forces politiques de rénovation fédéraliste sur le plan de plus large possible et s’ingérer systématiquement en tant que groupe cohérent dans les prétendues affaires intérieures de différents Etats-Nations qui engagent nos destinées à tous.
Pour permettre aux tendances de libéralisation à l’Est, aux éléments évolués des pays en voie de développement, aux forces réellement démocratiques des pays occidentaux de renforcer et finalement de faire converger leurs actions, actuellement sporadiques et dispersées, les fédéralistes sont décidés à opposer partout et par tous les moyens légitimes leurs solution aux prétentions rivales des Etats, aux dirigismes bureaucratique des Etats-Nations, aux calculs étriqués des chancelleries actuelles.

 

 

 

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