V année, 1963, Numéro 2, Page 176
UNE MOTION DU COMITE REGIONAL LOMBARD
SUR LE TYROL DU SUD*
Le Comité régional de la Lombardie du Mouvement Fédéraliste Européen qui s’est réuni en assemblée ordinaire le 8 septembre 1963 a voté à l’unanimité la suivante
MOTION
Les fédéralistes de la Lombardie, en face de la recrudescence de la tension dans le Sud-Tyrol, tout en répétant que l’emploi de la violence doit toujours être condamné, invitent à méditer sur les causes récentes et lointaines qui déchaînent l’action désespérée du terrorisme.
Ils croient que la cause récente est le refus de l’autonomie au Sud-Tyrol, c’est-à-dire des libertés naturelles des sud-Tyroliens, et que la cause éloignée se trouve dans le principe national, c’est-à-dire dans la fusion exclusive de nation et d’Etat, qui rend difficile et même impossible le respect des minorités ethniques et inévitable l’arbitraire policier.
En particulier ils déplorent les retards provoqués par le gouvernement et la bureaucratie italiens pour l’application des accords De Gasperi-Gruber qui comprennent justement la reconnaissance de l’autonomie du Sud-Tyrol.
* Nous publions cette motion sur le problème du Tyrol du sud pour réaffirmer notre point de vue. A cette occasion nous rappelons les articles publiés dans le premier fascicule de notre revue (juin 1959) et dans le numéro de juillet 1961. En juillet 1961 nous avions prévu que le terrorisme aurait continué si l’on ne concédait pas au Tyrol du sud l’autonomie législative et exécutive au sujet des matières prévues par l’accord De Gasperi-Gruber, et notre article se terminait sur les considérations suivantes : « En n’accordant pas l’autonomie… le gouvernement italien a transformé une zone pacifique de montagne, politiquement isolée, en un dangereux foyer de nationalisme italien, autrichien et panallemand. Le particularisme des Tyroliens du sud (inextinguible en soi, comme nous l’avons vu), comprimé par le manque de formes autonomes d’expression, bloque toute la vie sociale du Tyrol du sud sur le seul problème de l’autonomie, rendant pratiquement inutile la distinction entre les modérés qui la réclament par voie légale, les irrédentistes qui veulent la réunification du Tyrol et le retour à l’Autriche, et les terroristes qui, n’ayant plus confiance dans les moyens légaux, ont choisi la violence. Toute cette pyramide politique, que l’autonomie ferait se démanteler comme un château de cartes, se tient sur pied sous l’action des terroristes et finira par assumer une importance d’autant plus grande que l’action de ceux-ci sera consistante. En substance le gouvernement italien, en n’instituant pas la région du Tyrol du sud, a mis entre les mains des nationalistes extrémistes un engin explosif que personne, sauf eux-mêmes, ne peuvent manier. Par bonheur, jusqu’à maintenant ils n’ont pas été très forts. Toutefois leur force grandit, et ils sont désormais en mesure de contraindre le gouvernement italien à mettre en marche le mécanisme de répression. C’est là une victoire à eux. Le gouvernement italien, par la répression, accroît au lieu de l’affaiblir la force du terrorisme parce qu’il ne s’agit pas d’éliminer quelques personnes, mais de résoudre ou non le problème d’où viennent la lutte des autonomistes, la révolte des nationalistes et la violence des terroristes, ainsi que leur enchaînement ».