V année, 1963, Numéro 1, Page 75
L’ETAT DE L’ACTION CADRE
Dans le numéro d’octobre 1962 nous avons publié le projet d’action-cadre pour le Mouvement Fédéraliste Européen, que notre courant, Autonomie Fédéraliste, a élaboré, conscient qu’il est de la nécessité de doter le fédéralisme d’une action unitaire, supranationale qui, d’une part, oriente et complète le débat en cours au sein du M.F.E., et d’autre part, soit en mesure de créer (même si ce n’est que de façon embryonnaire) un cadre de lutte politique supranationale dans l’esprit des Européens.
Au cours de ces derniers mois, ce projet a été approfondi et complété sous tous ses aspects et a atteint une phase avancée d’exécution. Le Comité Central du M.F.E. l’a discuté et a accepté de le mettre sous les auspices du Mouvement lui-même, nous invitant à le mettre, en œuvre au plus vite.
Dans sa réunion internationale du 27 janvier, à Bâle, le courant d’Autonomie Fédéraliste a approuvé tous les détails techniques et a fixé comme date de départ le 7 avril. Au cours de cette réunion, trois villes allemandes, quatre villes françaises et six villes italiennes se sont déclarées prêtes à partir.
Pendant, la période de temps qui s’écoula, entre la date de cette réunion et celle du départ, MM. Euler, Halberstadt, Heinemann, Langheim, Romann et Schöndube (de Darmstadt et de Francfort) qui le 27 janvier avaient accepté les décisions prises, ont posé au courant certaines conditions sans lesquelles leurs villes ne partiraient pas. Ces conditions étaient inacceptables sur le plan formel parce que le projet d’action en était déjà à la phase d’exécution, sur la base des décisions prises en commun, et que personne n’avait le pouvoir de le modifier sans l’approbation de tous ; de plus elles avaient été présentées, puis retirées, justement le 27 janvier. Ces conditions étaient également impossibles à mettre en pratique au point de vue de leur substance, car, en modifiant la forme simple sous laquelle l’action avait été élaborée, et en voulant présenter à la signature de l’adhérent un long texte doctrinaire, elles enlevaient à l’action même toute possibilité de se développer sur le plan populaire.
Le 7 avril, le courant d’Autonomie Fédéraliste s’est trouvé en face de l’alternative ou de partir avec une seule ville allemande (Munich) ou de renvoyer le départ et de concentrer tous ses efforts dans la tentative de résoudre le problème des bases de départ en Allemagne.
Nous avons choisi la deuxième solution. Les motifs qui nous ont poussés ont été en substance les suivants :
1° — Tant qu’elle n’a pas recueilli un grand nombre d’adhésions, la campagne n’a pas de force de propulsion qui lui soit propre et elle est basée sur la seule force des militants qui la conduisent ; on ne peut donc pas penser qu’elle se développera spontanément en Allemagne si on ne lui assure pas un minimum de bases de départ. Pour que cette campagne soit viable il faut que nous recueillions, avec nos seules forces, un nombre d’adhésions tel qu’il pousse dans l’action au moins tout le M.F.E., pour atteindre enfin le nombre d’adhésions permettant à la campagne d’acquérir une force d’attraction propre.
2° — Une campagne exclusivement italo-française, n’ayant aucune possibilité de se développer à long terme, ne peut trouver un soutien efficace dans les militants fédéralistes : Munich à elle seule, et entravée comme elle le serait par des groupes ayant l’intention d’agir tout autrement, n’arriverait certainement pas à étendre la campagne en Allemagne.
3° — Enfin, si l’on démarrait dans ces conditions, tous les militants se dédieraient à l’action dans leur propre ville et aucune énergie ne pourrait ainsi être canalisée vers le problème fondamental de la création de groupes permettant de démarrer en Allemagne également.
La décision de repousser la date de départ coïncide avec la prise de conscience de l’obstacle qui s’oppose à la réalisation de notre projet (le manque de base organisée en Allemagne) et avec la volonté de le surmonter. Notre engagement pour l’avenir immédiat est la création de cette base (déjà de nombreux militants de France et d’Italie du Nord sont en train de préparer un programme d’intervention en Allemagne pour l’été prochain).
Une nouvelle réunion internationale d’Autonomie Fédéraliste est fixée pour le 29 septembre 1963, afin de voir si le travail effectué cet été par les militants aura réussi à reconstruire les conditions préliminaires indispensables au lancement de la campagne, à savoir l’existence d’au moins trois groupes prêts à se mettre en marche en Allemagne également.
Entre temps, toutes les décisions prises au cours des réunions précédentes et concernant la structure et les modalités de l’action ont été maintenues.